Il y a quelques jours, c'était la journée des Femmes. Moi et mon féminisme naissant, nous aurions du sauter sur l'occasion pour prendre la parole ? À vrai dire, je voulais le faire sur Instagram, mais c'est pile poil ce jour-là que j'ai eu peur de manquer de légitimité pour aborder le sujet, et puis je vous avoue qu'en ce moment, je fuis un peu ce réseau. Parce que je n'avance pas aussi vite que je voudrais sur mon projet, et parce que, quand je suis dans cet état d'esprit un chouia moins "youhou", je trouve mon flux Instagram beaucoup trop optimiste, plein de réussites, de femmes fortes, et que ça me donne plutôt envie de jeter mon téléphone loin. Bref.
Ce jour du 8 mars donc, je travaillais, et j'ai commencé ma journée en massant Françoise. Françoise, elle a 75 ans. C'est ma cliente la plus âgée, et c'est le genre de grand-mère qu'on aimerait avoir. Tellement jolie avec ses cheveux poivres et sels, moderne juste ce qu'il faut, avec laquelle on peut parler de tout même si on n'est quand même pas d'accord d'accord sur tous les sujets. Alors qu'on parlait justement de la place des femmes dans la société, qu'elle m'expliquait que c'était quand même plutôt un truc de femmes de s'occuper des enfants, je me disais qu'il y avait quand même un vrai fossé générationnel.
Françoise, c'est un peu comme Catherine Deneuve, qui nous explique que ça lui aurait manqué dans sa jeunesse si elle ne s'était pas faite siffler dans la rue - même si ce n'était pas toujours très fin - et que, bon, quand même, il faut savoir prendre les compliments où ils se trouvent.
On débattait, j'étais en train de lui masser les mains, et j'ai eu un flash.
Je me suis souvenue que quand j'étais petite, j'adorais poser mes mains sur celles de ma grand-mère. Ses veines étaient toujours assez grosses, je m'amusais à appuyer dessus, je me demandais si ça empêchait vraiment le sang d'avancer.
Et puis, je me suis rappelée que le 8 mars, c'était aussi son anniversaire. SA journée de la femme, elle qui n'a vécu qu'au travers de mon grand-père jusqu'à ce qu'elle s'occupe de nous, ses 2 petites filles. De 0 à 8 ans, j'ai habité à la campagne, juste à côté de sa maison. Quand je dis la campagne, c'est la vraie campagne, hein. 300 habitants, des vaches, et pas grand chose autour. Elle nous gardait le matin avant d'aller à l'école, après l'école, bref, elle nous gardait souvent. Si souvent qu'elle s'est mise à faire accompagnatrice dans le car scolaire pour être avec nous. Eh oui, quand on habite à la campagne, on prend le car scolaire le matin, on fait tous les villages du coin pour récupérer les enfants et les emmener à l'école. Résultat, l'école était à 7 km, mais on mettait une heure le temps de traverser tous les villages. Elle a même décidé de passer son permis à 55 ans, pour nous emmener plus facilement à toutes nos activités extra scolaires. Forte de ses premiers pas vers davantage d'indépendance, elle s'est mise en tête d'avoir d'autres loisirs, et de commencer à vivre pour elle. Elle a appris à nager, et même à chanter avec une chorale le vendredi soir. Je me souviens de mon grand père qui se mettait en rogne et qui voulait lui interdire d'y aller, jaloux qu'il était de la voir s'épanouir sans lui. Mais elle lui tenait tête, et elle partait. Et nous, on attendait avec lui qu'elle revienne. Dès qu'elle rentrait, il allait se coucher en l'ignorant royalement. Elle, elle revenait ravie de sa soirée, et fière d'avoir une nouvelle fois réussi à lui couper l'herbe sous le pied. Ma grand-mère, elle s'appelait Fernande, elle aurait 90 ans ce jour là et le 8 mars, finalement, c'est surtout à elle que j'ai pensé : la première des femmes de ma vie à m'avoir inculqué l'indépendance.
Et sinon... (après ce passage 3615 ma vie) 👉 Grâce à vos rendez-vous lors du second #Pinkday, J'ai pu reverser 170€ à l'association Règles Élémentaires, qui lutte contre la précarité menstruelle et permet aux femmes de vivre leurs règles dignement. Merci à vous <3
👉 Le portant de vêtements disponible en troc s'agrandit, je suis ravie de voir que le concept vous plait ! Les nouveaux vêtements disponibles sont à découvrir en story épinglée sur Instagram 👉 Puisque j'en suis à vous raconter ma vie dans cette newsletter, allons-y jusqu'au bout : je me suis inscrite au casting de Koh-Lanta (si, si). Arriverai-je à être retenue parmi 25 000 candidats ? Aucune idée, mais j'ai en tous cas bien ri à me projeter sur une ile déserte, à tenter de conserver ma dignité (et mes ongles manucurés) pendant 40 jours.
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